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Le blog de Christophe

Le blog de Christophe

La Birmanie (Myanmar) de la côte ouest de l'Arakan, aux montagnes de l'état Shan, en passant par le delta de l'Irrawaddy, l'état Kayah, l'état Chin et les coins les plus reculés du pays... Vingt ans d'expérience à vous faire partager avant votre départ pour l'aventure.


Jours de fête au lac Inle et à Kakku

Publié par Christophe sur 4 Décembre 2018, 14:20pm

Processions, défilés et courses de bateaux m'attendent au lac Inle avec l'un des plus grands festivals du pays, Phaung Daw Oo. L'occasion aussi de me rendre pour la première fois à Kakku, et de m'arrêter dans des villages Paos, où les étrangers ne sont pas toujours autorisés à s'arrêter.

Mardi 16 octobre 2018 : Jour de fête sur le lac Inle

A 5 h 15, je suis debout. Un batelier m'attend à 6 heures à la réception comme convenu. Il m'emmène à moto jusqu'à son bateau. On remonte les canaux menant au lac à toute vitesse et rejoignons les dizaines d'embarcations qui, comme moi, attendent la procession.

Il fait un peu frisquet mais rien à voir avec les températures sur le lac pendant l'hiver. Mon batelier se met à distance des bateaux de la procession, ce qui n'est pas l'idéal pour prendre des photos de ces hommes en train de ramer à la manière des Inthas avec une seule jambe.

Je lui en fais part et immédiatement, il se rapproche, ce qui me permet d'assister au plus près au spectacle. C'est grandiose. Tous ces bateaux qui défilent en file indienne avec ces hommes en tenue traditionnelle qui chantent ou poussent des cris pour se donner des forces et se motiver à ramer.

Tous ces bateaux devancent l'embarcation qui abrite un Bouddha, l'embarcation la plus sacrée de la cérémonie et devant laquelle les Birmans font des signes de reconnaissance.

Après avoir suivi au plus près la procession, on traverse le lac, rejoignons un autre canal avant de poser pied à Nyaungshwe. Les bateaux de la procession doivent arriver d'une minute à l'autre. Il y a un monde fou sur les berges et l'accès au bord de l'eau est compliqué.

Finalement je dégote un ponton en bois avec quelques Birmans et jouis d'une belle vue. Sauf que d'autres locaux viennent se coller à moi. J'ai un sérieux doute sur la solidité du ponton sur lequel je trouve qu'on est un peu trop nombreux. 

On voit les bateaux arriver au loin, c'est somptueux. Avec ces hommes qui rament à l'unisson, fiers de représenter le bateau de leur village sur le lac. Pour ainsi dire, le spectacle est encore plus beau depuis la terre ferme que sur un bateau. Pas grave, j'aurai testé les deux. La procession arrive à son terme, je file à l'hôtel en me faufilant entre les milliers de personnes venues assister à la fête. Retour au calme à l'hôtel où le petit déjeuner est gargantuesque. En plus du buffet, j'aurai droit à des oeufs et à une gaufre faite maison.

A 9 h 30, une nouvelle procession passe devant l'hôtel avec les moines en tête. Tous les habitants et même le personnel de l'hôtel sont dehors pour y assister et déposer des offrandes.

La fête bat son plein, la chaleur monte d'un cran et je pars pour le grand marché du jour à Nyaungshwe, celui qui se tient suivant un calendrier bien établi : des marché tournants tous les 5 jours. C'est plein à craquer et il n'est pas aisé de déambuler dans les allées. 

Et pour compliquer le tout, les toiles pour protéger du soleil sont bien basses ce qui m'oblige très souvent à marcher courbé. De nombreuses femmes Paos font leurs emplettes ou vendent leurs produits. Elles sont reconnaissables à leur tenue noire et leur turban, souvent rouge ou orange, autour de la tête.

En général, elles vendent des épices ou du thé. En repartant, je tombe sur un groupe de femmes Palaungs en visite pour le festival. Elles se rendent justement au musée de Nyaungshwe, toutes ébahies rien qu'en voyant son architecture extérieur.

La fin de journée approche, je pars au bord du lac tenter d'admirer le coucher de soleil. Je vais sur la rive opposée à celle de la veille, où je ne me souviens pas être allé. J'atteins une pagode où des novices s'amusent autour de moi, pendant que d'autres enfants ont sorti les cerf-volants fabriqués avec les moyens du bord, très souvent des morceaux de bois et du plastique de récupération.

Les novices se dévergondent. Ils grimpent dans les arbres, jouent à cache-cache et me font des pitreries. Ca donne des photos bien sympathiques. Je discute ensuite avec un moine qui m'explique que la nature change et qu'elle a des effets néfastes sur le lac. Il se plaint de la montée des eaux qui a quasiment atteint le pied de son monastère.

Je repars tranquillement vers la fête foraine où je retourne au stand de la veille. Je commande un soupe de noddles, légumes et porc pour 1 500 k. Copieux et excellent. Cette fête est une aubaine pour trouver de la nourriture à petit prix. Car généralement à Nyaungshwe, les tarifs ne sont pas très locaux. Tourisme oblige.

Mercredi 17 octobre : La sérénité de Kakku avant une zone interdite

Le buffet de l'hôtel Immana est fort copieux et varié, avec des plats asiatiques ou occidentaux et même des croissants. Parfait pour démarrer la journée. 

A 8 h 30, mon taxi pour Kakku m'attend. Prix de l'excursion : 40 000 k. C'est parti confortablement installé dans la voiture pour deux heures de trajet en passant par Taunggyy, la troisième ville du pays où je n'étais jamais passé. Une ville nichée dans les montagnes qui s'étend tout autour d'une artère principale, qui a l'air très propre et relativement calme par rapport à Mandalay ou Yangon.

A Kakku, c'est un grand moment de zénitude qui va m'attendre entouré de centaine de stupas. L'endroit est magique et aspire à la méditation (entrée 3 $). Je vais en faire le tour à plusieurs reprises en cherchant les meilleurs angles pour la prise de photos. Jusqu'au  moment où je tombe sur un bassin artificiel avec des poissons sacrées. Les stupas se reflètent sur l'eau. Je m'en donne à coeur joie de photographier cet instant magique.

Après quasiment deux heures sur place, je repars avec le chauffeur en lui demandant de ne pas repasser par Taunggyi et d'emprunter la route vers le sud, celle qui longe le lac Inle. Il accepte et l'idée va s'avérer payante. On s'arrête sur le marché près de Kakku où j'observe l'animation et surtout des enfants qui s'amusent. Comme cette petite fille avec un balai qui imite sa maman. Pendant ce temps, les femmes Paos vendent du thé, dont les tas sur les étals sont impressionnants.

On repart à travers une route bien plus belle qu'à l'aller avec les montagnes, les cultures et de nombreux villages Paos. Justement je remarque un rassemblement Pao dans la cour d'une pagode. Je demande au chauffeur de m'arrêter, mais il n'a pas l'air très emballé.

Trop tard, je suis déjà en compagnie des Paos, hommes, femmes et enfants particulièrement surpris de me voir là. Il y a même des stands pour les enfants avec des jouets, des DVD que les novices ont l'air d'apprécier. Les femmes font la vaisselle, tandis que les hommes fument le cheerot à l'abri d'un arbre.

Des femmes veulent m'inviter à manger, mais comme mon chauffeur a l'air pressé, je refuse gentiment. Je suis des femmes Paos qui se dirigent dans le monastère. Et là, je me retrouve face à des centaines de Paos, assis au sol qui assistent à une cérémonie avec des prières.

Pendant le temps de ma présence, j'avoue que j'étais l'attraction. Les Paos n'écoutant plus les paroles du prêche mais me dévisageant: un étranger chez les Paos, le jour même d'une cérémonie, impensable pour eux. Surtout dans une région où il y a encore peu de temps, les étrangers ne pouvaient accéder seulement s'ils étaient accompagnés d'un guide Pao. 

J'observe la cérémonie, et certains hommes et femmes qui piquent du nez. Bref le discours ne doit pas être très passionnant. Il faut dire en plus que c'est quasiment l'heure de la sieste. Bon de temps en temps, ça ouvre un oeil car il y a des éclats de rire dans la salle. 

 

Tout à coup, mon chauffeur apparaît, il a l'air paniqué. Je l'accompagne jusqu'à la voiture, ravi de cet arrêt improvisé. Avant que le chauffeur ne m'explique que cette région n'est pas gérée par le gouvernement, mais par les Paos. Résultat : les étrangers n'ont pas le droit de s'y arrêter. En voilà une surprise.

On repart sur une route toujours aussi belle avant de longer le lac Inle. On est de retour vers 16 h 30 à l'hôtel. A vélo, je retourne au bord du lac en attendant le coucher de soleil. Ce soir, ce sera encore la fête foraine pour un repas fait de salade de riz au porc et salade de tomates à 2 000 k. Avant une rencontre rapide avec un Birman tout content d'échanger avec moi, lui qui a été professeur de Français à Mandalay.

Jeudi 18 octobre : Un long périple à vélo

autour du lac

Après un bon petit déjeuner à l'Immana hotel, je rejoins le centre pour acheter un billet de bus car je dois être dans cinq jours à Ngapali. Je trouve une agence qui me propose un billet pour Pyay (à mi-chemin) à 18 000 k. Départ demain à 17 heures depuis Shwenyaung. La chambre de l'hôtel étant prise, je dois changer d'adresse pour profiter encore une journée des splendeurs du lac.

Je déniche une chambre dans un hôtel tout proche de celui où je suis, le Three Seasons Inle and Spa, à 14 $ la nuit. Pas aussi bien que le précédent, mais tout de même correct pour le prix. 

A peine installé, je loue un vélo (1 500 k) et décide de partir sur la route à l'est qui longe le lac. Il est 11 heures et il fait déjà bien chaud. Je pars sans but précis, juste le plaisir de pédaler et de m'arrêter au hasard au bord de la route à observer ces hommes et ces femmes qui travaillent la terre au bord du lac et qui hélas utilisent des fertilisants venus de Chine.

Par curiosité, je m'arrête dans les hôtels grand luxe qui longent la route et bordent le lac. Je m'amuse à photographier leurs piscines. Au premier établissement Anantha on m'offre un jus d'orange et watermelon délicieux. Je demande le prix de la chambre, c'est 150 $ prix minimum en basse saison. Le personnel vient à ma rencontre et comme je m'y attendais, l'hôtel est vide.

Pareil chez le voisin Areum, encore plus luxueux, et où les chambres sont facturées à plus de 300 $. Il y a même une piste d'hélicoptère à proximité pour les plus fortunés. Je poursuis mon chemin où je ne croise aucun touriste pour finalement me retrouver au sud du lac. J'ai bien dû faire plus de 25 km avec mon vélo chinois qui fort heureusement a les vitesses qui fonctionnent ce qui m'a permis de franchir les faux plats sans encombre.

Me voilà donc à Nam Pan qui est bien calme en dehors des jours de marché. J'ai bien dans l'idée de revenir en bateau mais on me propose des prix bien trop élevés ou alors de m'arrêter à Indein, juste sur la rive opposée, ce qui ne me rapproche guère de Nyaungshwe. Et comme aucun bateau public ne veut m'embarquer, je repars à vélo.

En fin d'après-midi, j'arrive à Maing Thauk, petit village accessible par un long pont en bois qui a des airs de U Bein près de Mandalay. Il y a une poignée de touristes. Une jeune femme veut me faire faire une balade en bateau dans le village où les maisons sur pilotis sont les pieds dans l'eau (3 000 k). J'accepte et ne regrette pas cette petite promenade au fil de l'eau. 

En cette fin de journée, le village s'anime. Les enfants - comme certains parents - jouent avec des cerf-volants sur les terrasses des maisons, les femmes lavent le linge ou font leur toilette, tandis que de nombreux bateaux naviguent de maison en maison. En cette fin de journée, les couleurs sont sublimes.

C'est le lac dans toute sa splendeur, loin du tourisme de masse, des bateaux à moteur assourdissants et des boutiques pour touristes. Bref la vraie vie sur le lac. On longe les maisons, les cultures de tomates, c'est très plaisant. De retour sur la terre ferme, je repars tranquillement et arrive à Nyaungshwe avant la tombée de la nuit. Certes fatigué, mais ravi de cette balade.

Le soir, je mange à l'Unique restaurant, pas très loin de l'hôtel où je suis. Un resto qui annonce les mêmes prix pour les touristes que pour les Birmans. Tiens tiens, il y aurait donc deux sortes de prix dans le pays ? Je commande un jus de papaye, une soupe au potiron et un curry porc pommes de terre (6 000 k). Un repas excellent. La patronne très attentionnée me demande si je peux laisser un commentaire sur Tripadvisor, je lui réponds que ce sera chose faite ainsi que sur mon blog car son adresse le mérite. Le soir, je bouquine et m'endors rapidement.

Vendredi 19 octobre : Le festival redémarre

J'ai dormi comme un bébé. La literie de l'hôtel est excellente et l'endroit est calme. Le petit déjeuner est correct, sans plus. Je prends un vélo pour essayer de trouver où se tient le festival aujourd'hui. Je pars d'un côté du lac, mais finalement c'est de l'autre côté que les bateaux ont accosté et qu'une cérémonie se tient. C'est reparti pour un tour à vélo.

J'arrive à une pagode où se tient la fête et où des offrandes sont en cours. Des hommes posent des feuilles d'or sur un Bouddha, tandis que les femmes mangent et les enfants jouent avec des ballons ou font claquer des pétards.

Je retrouve les novices que j'avais photographiés ici même quelques jours avant. Ils sont contents de me revoir et plaisantent encore. Je revois aussi le professeur de Français que j'avais croisé trop rapidement sur la fête foraine. On va discuter autour d'un plat de tofu. Il veut m'inviter demain dans sa maison à Taunggyi. Dommage je dois partir pour Pyay. On se quitte en échangeant nos adresses et qui sait se retrouver au cours d'un de mes prochains voyages.

Je repars à vélo en suivant les moines montés sur des pick-up surchargés et qui prennent la direction de leur monastère. En début d'après-midi, je quitte Nyaungshwe pour Shwenyaung où un bus pour Pyay est prévu à 17 heures. Je rejoins la jonction en moto-taxi pour 2 000 k, sachant qu'à cette heure-ci de l'après-midi, il n'y a pas foule pour circuler avec les pick-up dont les chauffeurs augmentent les prix jusqu'à 7 000 k pour rejoindre 7 000 k. J'arrive vers 14 h 30 à destination, ce qui me laisse un peu de temps pour visiter Shwenyaung.

Je commence par le marché relativement calme à cette heure de la journée, mais où il y a encore quelques rares acheteurs. Je m'arrête dans un petit resto spécialisé dans les noddles et je ne le saurai qu'après, tenu par une famille chinoise dont la femme porte du thanaka et parle birman.

Le plat va me coûter 500 k et je vais sympathiser avec ma voisine de table qui me montre des photos de famille sur son portable, à n'en plus finir. Je quitte le marché pour pénétrer un peu plus à l'intérieur de la ville. L'étonnement se lit sur les visages des locaux qui me croisent. Il faut dire que cette ville est juste un passage obligé pour les étrangers avant de rejoindre le lac Inle. Je vais ensuite visiter une école où les enfants sont ravis de rencontrer un étranger.

 

L'heure tourne et vers 17 heures, je rejoins l'agence où le bus doit s'arrêter. Un bus qui finalement arrivera à 18 heures. Ce n'est pas un bus VIP, mais le confort est juste suffisant pour le long voyage qui m'attend. On fait plusieurs arrêts jusqu'à Augban pour embarquer d'autres passagers et pour le repas.

Puis on franchit en pleine nuit Naypyidaw avant d'arriver à Pyay vers 8 heures. Heureusement, j'ai réussi à dormir un peu au petit matin. je me rattraperai ce soir car une longue visite de la ville m'attend avec l'amie Kaung Eain.

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B
Meci Christophe pour cette découverte du lac Inle, du festival chaleureusement coloré et de la surprenante Kakku ! Je regarderai plus à l'aise en famille ! JOYEUX NOËL à toi en cette superbe et multiculturelle terre birmane ... SUPER !!!
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J
Super intéressant, Christophe. Ça me rappelle tous les beaux moments que j'ai vécus au Myanmar. Jacques, de Jonquière
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C
Merci à toi Jacques !

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