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Le blog de Christophe

Le blog de Christophe

La Birmanie (Myanmar) de la côte ouest de l'Arakan, aux montagnes de l'état Shan, en passant par le delta de l'Irrawaddy, l'état Kayah, l'état Chin et les coins les plus reculés du pays... Vingt ans d'expérience à vous faire partager avant votre départ pour l'aventure.


Le paradis loin des touristes à Gwa Beach

Publié par Christophe sur 27 Juin 2020, 14:28pm

Deuxième séjour à Gwa beach, cette petite station balnéaire de l'état d'Arakan, qui a beaucoup moins à proposer au niveau des infrastructures touristiques que sa voisine Ngapali. Et c'est ce qui fait tout son charme, ce côté encore sauvage et authentique.

Vendredi 28 février 2020 : De Ngapali à Gwa

Ce midi, départ de la plage touristique de Ngapali pour la plus sauvage, Gwa. Difficile de comparer les deux car même si elles sont dans la région de l'Arakan, elles n'ont strictement rien à voir.

A Gwa, rien n'est encore conçu pour les touristes, même si le bourg a évolué ces dernières années. Il y a peu de temps encore, l'électricité ne fonctionnait pas en permanence. Aujourd'hui, Gwa compte huit guesthouses et quelques restaurants. En revanche, les aménagements destinés aux touristes, notamment sur les plages, sont quasiment inexistants. Ne venez donc pas ici pour trouver chaises longues et parasols face à la mer.

La route entre Ngapali et Gwa n'est pas une partie de plaisir. Le bus normal (16 000 k comme pour aller à Yangon) traverse des routes de montagne, de nombreux virages et des zones de travaux en fin de parcours. Travaux en prévision d'une route entièrement rénovée qui reliera toute la côte, entre Chaunghta et Ngapali, via Gwa d'ici quelques années.

Autant dire que cette côte sauvage et encore préservée pourrait vite changer. Même si les plages birmanes sont encore à l'écart des circuits touristiques traditionnels.

Le bus arrive vers 13 h 30 devant l'hôtel à Ngapali. Il récupère encore quelques passagers en route avant de rejoindre Thandwe où d'autres passagers et marchandises sont encore attendus. Le départ officiel est à 15 heures avec une arrivée dans les environs de 20 heures à Gwa.

Direction la Thalassa guesthouse, tenue par un couple Franco-Birman, Sandar et Christophe, qui vous accueille dans une charmante maison de quatre chambres tout confort, en plein coeur du village.

Ici, c'est à la bonne franquette. On partage les petits déjeuners et les repas avec les autres touristes ou des expatriés, si on le souhaite ou pas. On a la cuisine à disposition et on peut demander à ce que l'on nous achète des produits locaux, des produits de la mer notamment. Des motocross et des vélos tout terrain sont également à la disposition des clients.

Je vais passer trois jours et demi ici à explorer les villages de pêcheurs dans les environs de Gwa. Des villages plus nombreux qu'autour de Ngapali, et toujours aussi pauvres. Par rapport à mon dernier séjour sur cette plage, j'ai d'ailleurs découvert de nouveaux petits villages au nord du bourg.

Plus on se rapproche de la mer, plus les villages présentent des maisons dans un état délabré. Les toits sont faits de feuilles de palmiers, les murs avec des planches en bois qui ne couvrent pas la totalité de l'habitation. 

Je vais même surprendre un enfant sur la plage en train de récupérer des tôles qui serviront de protection pour la maison. J'ose à peine imaginer dans quelles conditions vivent ces gens durant la longue période de mousson entre juin et septembre, lorsque la pluie s'abat violemment sur les maisons.

Une période durant laquelle justement les guesthouses sont fermées aux touristes et la mer est réputée dangereuse.

Des maisons qui durant la belle saison sont en partie ouvertes sur l'extérieur. Le matin, on voit ainsi les habitants prendre leur petit déjeuner, le soir regarder la télé, l'après-midi pendant les heures les plus chaudes, faire la sieste. Et comme tout le monde se lave à l'extérieur, à proximité des puits, pas simple d'avoir une quelconque intimité. 

J'ai pris quelques photos de ces scènes de vie à l'intérieur de ces maisons, en prenant bien soin d'annoncer mes intentions. Les refus se font rares et il arrive même parfois qu'on veuille m'inviter à manger la nourriture locale, le riz et le poisson. 

Je refuse car il faut reconnaître que les conditions dans lesquelles le poisson sèche ne respectent pas vraiment les règles d'hygiène, voire même pas du tout.

Durant tout le séjour, je vais multiplier les kilomètres à vélo au bord de la mer sur des routes praticables, avec des vues splendides sur les plages et des traversées de villages, plus ou moins calmes selon l'heure. Il faut dire qu'avec la chaleur, surtout l'après-midi, on ne croise plus grand monde dans les rues ou sur les plages. Hormis des rencontres avec ces femmes qui font sécher le poisson en plein soleil, sur la plage ou au bord de la route comme le jour où elles m'ont invité à un petit barbecue en toute simplicité, dans un petit coin d'ombre. Alors un bon conseil, prenez le vélo dès le matin ou en fin de journée pour éviter le coup de chaud.

Car en plus, sur la route, les endroits pour se désaltérer sont assez rares et ce n'est pas ici que vous trouverez des buvettes en bord de plage et encore moins un restaurant avec vue sur la mer et avec la clim'. Non ici, c'est la nature, on est loin de tout, on ne croise quasiment aucun touriste et on a le sentiment d'être seul au monde. Surtout quand on pose le vélo sur le sable et qu'on plonge dans la mer chaude. On se croirait presque sur une île déserte.

 

Je vais aussi découvrir de charmants villages au nord de Gwa, en bord de mer, là où il n'y a qu'une activité, la pêche. L'odeur du poisson vous prend aux narines dès le matin et ne vous quitte plus de la journée. Les poissons sèchent aux quatre coins des villages. Les hommes partent en mer, les femmes s'occupent de découper, sécher ou vendre les poissons. 

Des femmes qui sont très souvent accompagnées des enfants pendant leur labeur. Quand les enfants ne sont pas eux-mêmes chargés de trier les poissons, en pleine chaleur, avec les mouches, les odeurs et à même le sol. C'est ce qui fait aussi le charme des villages de pêcheurs.

Des villages où il faut bien l'avouer, ce n'est pas toujours très propre. L'hygiène laisse à désirer et ça ne semble pas être la priorité des locaux. Les poissons sèchent souvent à côté des détritus, tout comme les maisons qui sont entourées de tas de déchets. Ici, la spécialité c'est de déposer ses poubelles sur le sable et attendre que la mer ne les emporte la nuit. Résultat : pour trouver les plus belles plages, il faut s'éloigner des villages.

Dans les villages, il y a de l'animation, surtout en fin de journée quand tout le monde se retrouve aux abords des maisons, ça discute - peut-être de la journée de pêche - ça cuisine, ça se lave à l'extérieur, lave le linge... La vie reprend et un bref instant, les poissons sont mis de côté.

 

Chaque matin, j'essayais de me lever tôt pour aller à l'embarcadère de Gwa, la où il y a le plus de chance de voir les bateaux de pêche revenir de mer, avec des cargaisons de petits poissons. Il faut venir avant 7-8 heures, moment où les poissons sont déchargés.

Le va-et-vient des pêcheurs avec de grandes bassines remplies de poissons est incessant. Il faut faire vite avant que la chaleur ne devienne étouffante. Les poissons doivent vite être mis à l'ombre et déposés dans de la glace. Les bassines de poissons rejoignent Des abris de fortune tout proches où ils sont pesés, parfois directement transformés sur place. 

Des petites mains récupèrent les petits poissons tombés à terre. Ici, il n'y a pas de perte. Et surtout il y a des personnes dans le besoin et pour qui quelques petits poissons permettent de faire vivre toute une famille. Il suffit de se promener dans les alentours de l'embarcadère, de faire le tour de certaines maisons sur pilotis pour se rendre compte de la grande misère.

D'autres bassines de poissons prennent la direction des marchés où ils sont vendus aux habitants, mais en petite quantité. D'autres femmes font le tour des quartiers avec une bassine sur la tête contenant la pêche du jour, en quête de quelques clients.

 

Chaque matin, je déambule de bateau en bateau pour admirer les prises de la nuit, puis de maison en maison où l'activité semble avoir démarré très tôt. Les Birmans sont des lève-tôt et ça se confirme encore plus dans les villages de pêcheurs.

Dans chaque village où je m'arrête, on me regarde avec curiosité. Oui, il faut bien reconnaître que les touristes se font encore très rares dans cette partie de la région de l'Arakan. Et partir à l'aventure dans ces petits villages, sans guide et sans parler la langue, n'est pas toujours dans les priorités des touristes. Pour moi, c'est un plaisir d'aller à la rencontre des locaux, d'échanger des sourires, des signes et d'essayer de comprendre comment ils vivent au quotidien.

Même aux heures les plus chaudes, on trouve toujours de la vie. Certes ils sont nombreux à faire la sieste, mais on aperçoit toujours ces femmes découper les poissons, parfois protégées du soleil par de grandes bâches. Un paradis pour les mouches et les odeurs fortes.

A la Thalassa guesthouse, Sandar et Christophe sont toujours prêts à rendre service et à donner de bons conseils aux touristes de passage. C'est ainsi qu'ils vont nous emmener dans la forêt tropicale, au nord de Gwa, là où se trouve un campement d'éléphants. Une bien belle balade en 4 X 4 à travers des petits chemins cabossés et des villages isolés.

Des éléphants qui vivent en semi-liberté et sont nourris par quelques volontaires. La visite d'une poignée de touristes leur permet de récolter un peu d'argent afin de subvenir à leurs besoins.

 

Chaque soir, c'est le même rituel, essayer de trouver le meilleur endroit pour le coucher de soleil. Dans Gwa, ce n'est pas toujours évident mais si on s'éloigne un peu, on peut bénéficier de magnifiques points de vue. Le soir, où ce bateau de pêche partait en mer, j'ai eu de la chance d'être là au bon moment pour la photo du coucher de soleil. Demain, départ pour Yangon, en bus, pour la fin de cet énième voyage en Birmanie et en espérant y revenir au plus vite pour de nouvelles aventures.

 

 

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O
Mingalaba Christophe !<br /> J'avais envisagé d'aller voir la plage de Kan Thar Ya, mais votre description de celle de Gwa et sa région donne vraiment envie d'y traîner deux ou trois jours, sur le trajet de Ngapali à Chaung Tha (en passant par la nouvelle route côtière... j'espère en 2022 !). Merci encore pour vos articles.
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C
Mingalabar Olivier !<br /> Oui j'aime bien Gwa, un peu plus sauvage de Kan Thay Ya. Après il y a encore des plages paumées au nord de Gwa et plus au sud en s'approchant de Chaung Tha où une nouvelle route est en cours de construction. Nul doute qu'à l'avenir cette région va changer, étant donné son rapprochement par la route avec Yangon.

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