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Bogale, un nom qui ne vous parle peut-être pas. Une ville située au coeur du delta de l'Irrawaddy, à trois heures de route de Yangon, région réputée pour être le grenier à riz de Birmanie. Ici rien rien n'a été conçu pour les touristes. L'aventure à l'état pur.
Mardi 29 octobre 2019 : A toute vitesse à Bogale
Ce matin, je profite du buffet de la Casa Yangon Hotel, un établissement où j'ai maintenant mes habitudes. Au menu, un mélange de nourriture occidentale et asiatique. Je pars tôt en direction de l'embarcadère, un membre du staff me mettant en garde expliquant qu'il y a des rumeurs de vols à Dala. Je lui réponds que je ne fais qu'y passer pour prendre un bus en direction de Bogale.
A peine arrivé à l'embarcadère - Pansodan ferry terminal - un ferry s'apprête à partir (2 000 k pour les étrangers). Une traversée paisible. Arrivé à Dala, je trouve un minivan pour Bogale qui part trente minutes plus tard (6 000 k) avec un siège à l'avant.
On va atteindre Bogale en à peine 2 h 30. Il faut dire qu'il n'y avait pas trop de circulation et le chauffeur a roulé assez vite. Il me dépose devant la Nansabel guesthouse où j'ai toujours droit à la même chambre (25 000 k) et un personnel qui a toujours autant de mal à s'exprimer avec les étrangers.
Peu importe, Bogale ça se mérite. On ne met pas les pieds dans cette petite ville au coeur du delta de l'Irrawaddy au cours d'un premier voyage en Birmanie. J'ai déjà conseillé cette destination à des touristes de passage et pour tout vous dire je n'ai eu que de très rares retours. Oui, car on ne va pas à Bogale comme on irait à Bagan ou au lac Inle, où tout est relativement bien organisé.
Ici, même pour se rendre dans la réserve des crocodiles et tortues, Meinmahla Kyun Wildlife sanctuary, il n'y a rien d'indiqué. Sans oublier que les tarifs qui m'ont été remontés par certains aventuriers semblent particulièrement excessifs. Alors vous allez me dire, comment organise-t-on un tour en bateau dans la mangrove. Il faut y aller au culot et aller directement au contact des Birmans, aux abords de la rivière.
Le premier jour, je n'ai pas perdu de temps. J'observe un couple dans un petit bateau chargé de légumes. Je leur fais des signes, leur fais comprendre que je souhaite me balader avec eux sur la rivière. Par le passé, j'avais déjà fait l'expérience avec des vendeurs de légumes, alors je me suis dit pourquoi pas récidiver. On se met d'accord sur un prix : 20 000 k pour un peu plus de 2 h 30 de bateau.
Me voilà installé entre les concombres, navets et courges, avec en face de moi cette jeune femme qui me montre ses belles dents rouges en souriant après avoir machouillé du bétel.
Pour se faire comprendre, on utilise le langage des signes car tous deux ne parlent pas un mot d'Anglais. Nous nous lançons sur la rivière avant de s'enfoncer dans des cours d'eau plus étroits en pleine mangrove, tout en traversant de petits villages les pieds dans l'eau. Des villages où le principal et parfois unique moyen de transport est le bateau.
On croise plusieurs embarcations avec des marchandises, des pêcheurs, de passagers qui vont d'un village à l'autre, des bateaux remplis de bois ou de noix de coco qui rejoindront Yangon.
La végétation est dense et il n'est pas rare que je me cogne dans un feuille ou une branche d'arbre. On s'arrête un instant pour visiter les jardins où ils cultivent tous ces légumes qui rempliront leurs barques avant d'être vendus sur les marchés. Les terres proches de la rivière sont propices à la culture, il faut dire qu'ici il ne manque jamais d'eau. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que la région du delta de l'Irrawaddy est communément appelée le grenier à riz de la Birmanie.
Le pilote du bateau n'est pas peu fier de me montrer toutes ces terres riches, il ne manque pas de me montrer chaque parcelle et les différentes variétés de légumes. Il m'emmène dans sa maison au bord de l'eau où sa femme prépare la cuisine pour le soir. Une maison au confort rudimentaire mais où il y a de l'espace. On m'offre du thé et des bananes avant de regagner le bateau pour un retour vers Bogale, toujours par la mangrove, puis le fleuve.
Le soir, je vais manger au Hello restaurant en face de la guesthouse où le menu est en Anglais et les prix convenables. Il y a d'ailleurs pas mal de locaux qui profitent de l'établissement.
Le reste de la journée, je le passe à vélo, idéal pour se faufiler dans les petites ruelles des quartiers de Bogale, entre les maisons, les étendues d'eau, et parfois hélas les poubelles.
Il y a de la vie, surtout en fin de journée pendant que les enfants se baignent, jouent, tout comme les femmes qui misent quelques kyats aux dominos tandis que d'autres se lavent ou font la lessive. Quand je passe dans ces étroits chemins bordés de maisons très sommaires, il y a encore un regain d'animation.
Bogale n'est pas une destination touristique, alors vous pensez bien qu'un touriste à vélo dans le secteur c'est un petit événement et il n'est pas rare que les mamans accompagnées des enfants s'approchent pour en profiter, et apprendre à leur enfant à dire "hello".
On a beau être fin octobre, il fait très lourd et un orage se fait sentir. Je regagne l'hôtel et me réfugie dans la chambre tandis que la pluie redouble d'intensité.
Mercredi 30 octobre 2019 : Plus calme sur l'eau que sur la route
A Bogale, je ne prévois rien à l'avance. Ce matin, le petit déjeuner est pris dans un tea-shop tout proche. Quelques beignets et un café, et le tour est joué. Je pars sur le marché où il y a pas mal de monde ce matin. En chemin, j'observe une animation un peu particulière avec une fanfare et des majorettes. Je ne m'attendais pas à un tel spectacle en Birmanie.
Je longe les rives du fleuve et observe les bateaux se remplir, se décharger, des passagers ou des porteurs enjamber d'étroites passerelles tandis qu'une vendeuse passe avec un panier énorme sur la tête et parvient à accéder sans aucune difficulté à un bateau. Je vous mets au défi de faire la même chose sans tomber à l'eau.
Le va-et-vient des bateaux sur la rivière est toujours impressionnant, les tas de déchets au bord de l'eau me laissent en revanche un goût amer. Avec un vélo de la guesthouse, je repars en direction d'un pont qui enjambe la rivière et je tourne à droite juste avant. Une petite route agréable longe la rivière et mène à un endroit où il y a pas mal de petits bateaux.
Tout le monde me dévisage. Je prends un jeune au hasard et lui demande si on peut faire un tour en bateau. C'est parti pour 2 heures : 13 000 k. Cette fois, on va plus à l'intérieur de la mangrove, comme je lui ai demandé. On navigue au bord des villages, on passe sous de petits ponts, devant des commerces sur l'eau... Une balade fort plaisante où j'aurais même droit au passage éclair d'un serpent.
Je repars à vélo par de petits chemins où il y a pas mal de circulation et vais me faire deux frayeurs. D'abord en voulant éviter une moto, un scooter me fonce dans la jambe, heureusement pas à grande vitesse. Je m'en sors avec une jambe enflée pendant quelques jours et une douleur encore supportable.
Un peu plus tard, une moto circulant en sens inverse double à vive allure, klaxonne et va quasiment droit sur moi. Je l'évite, mais dix mètres plus loin, elle percute une autre moto avec une jeune femme. Le chauffard est étendu au sol et ne bouge plus. Il y a un attroupement pour lui porter secours. Bon après toutes ces émotions, je décide de rouler plus prudemment.
Et de me perdre dans les environs de Bogale où la vie est toujours aussi animée en fin de journée. Le soir, je décide de manger dans les étals de rue, ce sera double ration de mohinga dans deux échoppes différentes (500 k la portion).
Jeudi 31 octobre : Journée cool à Bogale
C'est mon dernier jour à Bogale et j'ai décidé de me la couler douce. J'ai bien profité des balades en bateau, me suis fait quelques frayeurs à vélo et préfère aujourd'hui éviter un long périple.
C'est donc à pied que je commence la journée, direction le marché où de belles gambas sont à vendre. Celles-là même que je cherchais à Gwa où, contrairement à ici, j'avais le nécessaire pour les faire cuire.
Je pénètre dans le marché couvert où les vendeurs sont toujours aussi peu habitués à voir des étrangers. Pour eux, faire du tourisme dans un marché peut paraître curieux, le marché étant un lieu pour acheter. Je m'enfonce dans les allées qui mènent au bord de la rivière où des hommes portent de lourds sacs de riz tandis que des voyageurs attendent le départ de petits bateaux en direction de destinations plus ou moins lointaines, dans des villages perdus du delta de l'Irrawaddy.
Durant tout mon séjour, je n'ai pas vu l'ombre d'un gros bateau qui aurait pu prendre la direction de Yangon. Je m'étais promis d'organiser un jour ce voyage, mais il semble que ça devienne compliqué. Du fait notamment que les routes se sont bien améliorées dans la région, et qu'il y a de moins en moins nécessité de voyager par bateau sur les longues distances.
Durant ce séjour à Bogale, j'ai été surpris par la chaleur. Certainement l'endroit, avec Gwa, où il a fait le plus chaud pendant tout ce périple. En début d'après-midi, une sieste s'est donc imposée. Il fait un peu moins chaud à mon réveil et je retente une balade à vélo.
La fin de journée est le meilleur moment pour pédaler. Tout le monde est dehors ou dans l'eau. Comme ces enfants qui barbotent dans une eau marron au pied de leur maison en bois. Ils s'en donnent à coeur joie et s'amusent de ma présence. Avec un bémol tout de même, tous ces détritus qui bordent les maisons et par là-même l'eau. Bref, je ne les accompagnerai pas dans leur piscine naturelle.
Vendredi 1er novembre : Bye bye Myanmar !
Je prends un petit déjeuner sur le pouce au coffee shop face à la guesthouse. A 7 h 30, un bus local, en piteux état, part pour Yangon (3 500 k). Curieusement, il ne m'arrête pas à la station de bus à l'ouest de la ville et assez éloignée du centre, mais à Dala, de l'autre côté de la rivière.
Ce qui m'arrange plutôt pour rejoindre le Sky View Hotel, situé non loin de la pagode Shwedagon (4 000 k en taxi). Un hôtel avec piscine dans un endroit très calme. Non loin du People's Park où pour 300 k, on se retrouve dans un décor kitsch au côté des amoureux Birmans et avec une vue exceptionnelle sur la pagode Shwedagon. Deux jours tranquilles, au bord de la piscine, avant de regagner la France et en attendant un prochain départ cet hiver... en Birmanie pour de nouvelles aventures.
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