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Le blog de Christophe

Le blog de Christophe

La Birmanie (Myanmar) de la côte ouest de l'Arakan, aux montagnes de l'état Shan, en passant par le delta de l'Irrawaddy, l'état Kayah, l'état Chin et les coins les plus reculés du pays... Vingt ans d'expérience à vous faire partager avant votre départ pour l'aventure.


Le long périple sur la rivière Chindwin

Publié par Christophe sur 28 Novembre 2015, 17:52pm

 

Samedi 3 octobre 2015, arrivée en début de soirée à Yangon après un vol avec Air Asia. Les formalités sont toujours rapides et comme d'habitude je change mes euros à l'aéroport, surpris de voir que le taux de change a fait un bond depuis mon dernier séjour : 1 euro = 1436 kyats. Pour 7 000 k, un taxi m'emmène à la Chan Myaye guesthouse que j'avais réservée sur internet à 69 euros les trois nuits. Une chambre propre, pas bien grande avec une salle de bain et parfaitement bien située, à deux pas de la pagode Sule et de la gare. Pour Yangon, je considère que le rapport qualité-prix est correct. Il est tard, je fais un repas dans un street food et me contente de noddles pour 500 k.

Dimanche 4 octobre 2015 : retour sur les lieux du cyclone Nargis

 

Le petit déjeuner de la Chan Myaye est simple et léger : du riz avec un oeuf et quelques légumes. A 9 heures, j'ai rendez-vous avec JJ, une amie birmane francophone avec qui j'ai lié contact grâce à mon blog et ma passion pour la Birmanie. Pour cette première rencontre, on décide de faire un grand tour de la ville avec la visite du plus grand marché de Yangon, Thiri Mingalar qui m'a laissé un peu sur ma faim. Je ne pense pas que le dimanche soit le meilleur jour pour s'y rendre. Et si vous voulez voir le marché aux poissons - pour ma part c'était raté - il vaut mieux venir en fin de journée. Cette visite m'a permis de confirmer qu'il faut être très courageux pour prendre le bus à Yangon. Les bus sont archi-bondés, on monte ou descend du transport en commun alors qu'il n'est même pas à l'arrêt... Bref, c'est folklorique, mais pour 200 k le trajet, ça passe. Mais pour faire de longues distances, vaut mieux être accompagné d'un local, sinon c'est un peu galère pour s'y retrouver, surtout avec l'alphabet birman.

 

 

En fin de matinée, on prend le ferry (4 $ l'aller-retour pour les étrangers) jusqu'à Dala. Secteur qui avait été touché par le cyclone Nargis faisant près de 140 000 morts en 2008. Toujours en compagnie de JJ, nous allons prendre un rickshaw (10 000 k la balade de 2 heures) pour visiter plusieurs sites sur l'autre rive de Yangon. Des lieux qui étaient encore interdits aux étrangers il y a quelques années. Le moment le plus pénible a été le passage à proximité d'une rizière lorsque notre chauffeur explique qu'il y avait des centaines de morts éparpillés dans l'eau après le passage du cyclone. Il en a presque les larmes aux yeux. Un peu plus loin, un monument a été érigé en souvenir aux victimes, il abrite un four qui était destiné à brûler les milliers de cadavres des victimes.

 

On va ensuite passer un moment dans un orphelinat où un couple accueille 24 enfants qui ont perdu leurs parents pendant le cyclone. Un couple de religion catholique qui, fait surprenant, a donné des noms bien de chez nous aux enfants. On poursuit notre chemin à travers un petit village qui a été reconstruit après le passage de Nargis. La misère est visible dans chaque petite maison construire avec les moyens du bord, c'est-à-dire pas grand chose : des planches en bois, du carton, des tôles... Les vêtements arrachés des enfants témoignent aussi de cette pauvreté qui montre bien, qu'après le passage du cyclone, l'aide a vraiment été limitée et que plusieurs années plus tard, il faut encore panser les plaies. Je demande au chauffeur comment s'occupent les habitants de ce village. On me répond qu'ils font essentiellement des petits boulots à Yangon, sinon sur place, ils attrapent des grenouilles dans les étendues d'eau. Une des rares occupations ici...

 

Au moment de quitter la rive opposée à Yangon, on traversera un village de pêcheurs qui paraissait un peu moins dans le besoin. Retour à Yangon après le court trajet en ferry. Nous nous dirigeons vers le marché Bogyoke avant de rejoindre la pagode Shwedagon. Il est près de 18 heures et elle est noire de monde. C'est l'heure privilégiée par les groupes de touristes (entrée 8 000 k). J'avoue que pour prendre des photos, je ne me sens pas vraiment tranquille. Tout en admirant cette merveilleuse pagode, nous échangeons JJ et moi sur la France et la Birmanie, nos coutumes, nos façons de vivre. JJ me confirme qu'elle rêve de venir en France pour parfaire notre langue, mais hors de question d'y vivre. Elle ne se voit pas quitter définitivement son pays. On évoquera rapidement les élections qui approchent dans son pays, ce n'est apparemment pas sa tasse de thé. Et moi qui croyais naïvement que ces élections étaient attendues de toute la population.

Lundi 5 octobre

Ce matin, le temps est très étrange. Un mélange de faible pluie et de soleil. A croire que la saison des pluies joue les prolongations. Je voulais d'ailleurs me rendre au plus vite à Mrauk U, mais comme c'est une des régions les plus pluvieuses du pays, je préfère décaler et commencer mon périple par le nord du pays. Dans la journée, je visiterai un bidonville, à deux pas de la gare (lire par ailleurs).

Mardi 6 octobre

Aujourd'hui, c'est détente à Yangon en perspective du long trajet qui m'attend cette nuit pour rallier Monywa. J'ai acheté le billet 12 500 k, pour une place dans un bus normal. Finalement, le siège était confortable et j'ai plutôt bien dormi. Départ de Yangon à 20 h 30, puis un long trajet en pick-up à travers les embouteillages et les odeurs des pots d'échappement jusqu'à la gare routière. C'est là que j'ai remarqué que Yangon était un immense chantier avec de nombreuses tours qui voient le jour ou encore de nouvelles comme KFC qui a fait son apparition dans le pays et qui est pris d'assaut par les Birmans.

Mercredi 7 octobre : ambiance kitsch à Monywa

 

Arrivée à Monywa vers 8 h 30. Une moto taxi m'emmène à la Shwe Taun Tar guesthouse pour 1 500 k. Pas de chance, c'est complet. Je me rabats sur la Golden Arrow (31 500 k) avec une chambre triple alors que je suis seul. C'est à prendre ou à la laisser. Et à ce prix-là, je n'ai pas le droit au petit déjeuner. Le matin, j'essaie de trouver un billet d'avion pour Mawlaik. On me propose des tarifs allant de 16 000 à 27 000 kyats, ce dernier étant le prix touriste. Je ne me décide pas encore et vais essayer de me renseigner pour les bus, sachant qu'on m'a parlé d'un bus pouvant aller jusqu'à Kalewa, voire Mawlaik.

L'après-midi, je me fais un visite kitsch. Pour commencer, un détour par le plus grand Bouddha au monde, à quelques kilomètres au sud de la ville. J'y vais avec un moto taxi pour 7 000 k. Ce sont plutôt deux Bouddha que je vais voir, l'un de 90 mètres est allongé sur une colline et un second de 167 mètres est debout. Bon aux dernières nouvelles, il y aurait un Bouddha encore plus grand en Chine. A vérifier. J'accède à l'intérieur de cet imposant édifice. L'intérieur est tout aussi kitsch que l'extérieur. C'est plus un lieu pour les Birmans que pour les touristes étrangers.

 

Un peu plus loin, on va s'arrêter au temple Mohnyin Thambuddhei, la principale attraction de la région. Un temple qui possède un très grand stupa et qui contiendrait plus de 500 000 images de Bouddha. Je vous rassure, je n'ai pas compté. Le soir, un repas léger dans la rue, ce n'est pas ce qui manque à Monywa.

Jeudi 8 - vendredi 9 : La rivière Chindwin sous un déluge

 

Après le soleil de Monywa, c'est une tout autre météo qui va m'attendre sur la rivière Chindwin pour rejoindre Mawlaik, petite ville située entre Kalewa - que je connais déjà - et Homalin. Je vais opter pour un bateau à 13 heures, sachant qu'il y en a un autre à 4 heures du matin dont le billet était moins cher. Mais je voulais pas me lever aussi tôt, ni arriver à destination au beau milieu de la nuit. J'achète un billet à 27 000 kyats (c'est le prix pour les étrangers), mais j'aurai le droit à deux sièges, ce qui compense le prix du billet. Etant donné l'exiguïté des banquettes, je ne m'en plaindrai pas. Je n'ai pris qu'une petite bouteille d'eau, je ne sais pas trop comment se déroulera le trajet et encore moins vers quelle heure je vais arriver à destination. Il faut dire qu'ici rares sont ceux qui parlent Anglais.

 

Le début du trajet est agréable, le ciel est dégagé et j'admire tranquillement les paysages, l'animation sur les rives, les enfants qui se baignent, les femmes qui font la lessive ou se lavent... et les petits villages enfouis sous une végétation dense. Comme je m'y attendais, je suis le seul étranger dans le bateau et les passagers me dévisagent. Ils doivent se dire pourquoi il n'est pas à Bagan ou au lac Inle comme les autres.

 

Durant la première partie du voyage, le bateau ne s'arrêtera quasiment jamais. Il faut attendre 20 h 30 - alors qu'il fait nuit et que les bâches ont été rabattues pour nous protéger des vagues - pour assister au premier arrêt. Des bruits de moteur s'approchent du bateau, de petites embarcations occupées par des femmes qui tiennent des plateaux remplis de provisions. Elles escaladent le bateau avec une grande agilité. Il y a longtemps que je serai tombé à l'eau avec un si imposant plateau sur la tête. Des fruits, des repas tout préparé, les cuisses de poulet, des oeufs de caille, des boissons... on trouve absolument de tout pour se sustenter. Je craquerai pour un riz curry servi dans une barquette pour 1000 kyats. Avant de penser à m'assoupir, je rejoins le pont pour accéder aux toilettes. Une petite cabine à l'arrière du bateau et de où ma tête dépasse. Heureusement qu'il n'y a pas de toit, sinon je ne sais pas comment je serai rentré à l'intérieur.

 

La pluie commence à s'inviter dans le voyage. Rien d'inquiétant pensais-je en voyant les bâches censées nous protéger et qui nous entourent à l'intérieur du bateau. Sauf qu'à un moment donné, elles ne peuvent rien contre l'eau qui s'infiltre du plafond à moitié rouillé. De quelques gouttes, ça devient au fil de la nuit, des gouttes à répétition, puis des filets d'eau qui s'écoulent aux quatre coins de l'embarcation.

Très vite mes vêtements prennent l'eau, mais je parviens à m'abriter comme je peux. Vers 5 heures du matin, on s'arrête à Kalewa, cette bourgade que j'avais visitée en février dernier. J'en profite pour changer de place et prendre une banquette plus au sec. Mais ce sera un répit de courte durée car la bâche va ensuite me faire des misères.

 

Quelques arrêts plus tard, peu avant 10 heures, une femme m'interpelle et m'indique que je suis arrivé à Mawlaik. Au moment même où la pluie redouble d'intensité. Avec mon grand sac et mes tongs, je me demande déjà comment je vais franchir cette pente glissante pour rejoindre la rue. C'est sans compter sur l'amabilité et la générosité des Birmans. L'un sort mon sac du bateau, un autre le dépose à un endroit moins glissant tout en m'aidant à descendre du bateau et rejoindre la terre ferme. Une fois arrivé dans la rue, une dame me montre le chemin pour aller à la AZK guesthouse. Celle que j'avais justement choisie. Elle hèle un moto taxi qui m'y emmène. Le patron qui parle un Anglais correct me propose une chambre toute simple mais propre pour 5 000 k la nuit. Un prix défiant toute concurrence.

 

Un patron qui prend soin des rares touristes qui viennent jusqu'ici. Il dispose de la wifi et me donnera la clef des toilettes privés, ainsi qu'un parapluie. Vu le déluge, il ne sera pas de trop.

 

Mawlaik, ce n'est pas la destination touristique phare du Myanmar. En 2014, selon un professeur d'Anglais que j'ai rencontré et qui exerce dans le bourg, seulement 360 touristes étrangers ont posé le pied ici. Essentiellement des groupes de touristes dont la majorité voyage sur des bateaux plus confortables qui sont privatisés par des agences de voyage. Rien à voir avec mon périple sans grand confort.

 

A Mawlaik, je n'y resterai qu'une journée et demie. Pas parce qu'il n'y a rien à y faire, juste que j'ai encore de longs trajets qui m'attendent et que ma programmation est incertaine. Celui qui veut s'immerger dans la vie birmane, aussi simple soit-elle, peut s'arrêter 4 ou 5 jours dans ce bourg. Arpenter les allées du petit et joli marché, observer l'animation au bord de la rivière Chindwin. Ou alors emprunter un vélo et s'écarter du bourg, longer les rizières et pénétrer dans de minuscules villages où les villages ont l'air de n'avoir jamais vu un touriste de leur vie.

 

C'est à vélo que je vais le mieux apprécier l'endroit. Les Birmans me font des signes du haut de leurs maisons sur pilotis. J'atteins une école où les enfants sont ravis de me rencontrer. Même s'ils restent un peu sur la défensive car ce genre de visite n'est pas habituel. La balade à vélo me mène à l'intérieur des terres puis sur les bords de la rivière où des habitants coupent du bois. Certains ont de l'eau jusqu'à la tête pour atteindre les morceaux à aller couper.

 

Je rencontre aussi ce vieux professeur d'Anglais qui se fait un honneur de discuter avec les rares visiteurs étrangers et surtout de leur faire visiter son village. Il va me montrer les vieilles bâtisses de l'époque britannique, avant de me faire découvrir sa salle de classe qu'il a conçue au rez-de-chaussée de son domicile.

 

A Mawlaik, j'aurai eu droit au déluge et à une chaleur étouffante. Le soleil est quand même plus propice aux balades et aux rencontres. A l'AKZ guesthouse, malgré le confort tout simple, j'ai vraiment apprécié l'accueil du patron, toujours prêt à rendre service. Mawlaik est nettement moins animée que sa voisine Kalewa, mais elle mérite néanmoins un détour. Sachant que le voyage ne peut jusqu'à présent se faire que par la rivière car aucune route praticable ne permet encore de l'atteindre.

 

Samedi 10-dimanche 11 : Le long périple jusqu'à Homalin

 

Après une journée de vélo, le bateau m'attend pour rejoindre Homalin. Le bateau est prévu pour 19 heures et j'achèterai le billet 16 000 k. Cette fois, j'ai eu de la chance, je trouve une embarcation avec de grands sièges et qui pour une fois ne sont pas en dur. L'idéal pour m'allonger, la tête sur le sac, et pour pouvoir dormir malgré la musique qui braille à la télé et qui sera finalement éteinte au cours de la nuit.

 

Le voyage va donc idéalement se passer. En cours de trajet, j'achète un repas à une jeune vendeuse : du riz avec de la viande pour 1 000 k. Le lendemain matin, j'ai encore le droit à de la pluie. Une pluie qui n'arrête pas de me suivre depuis le début du séjour. En milieu de matinée, j'arrive à Homalin. Le plus dur est de quitter le bateau avec les bagages et de traverser une planche en bois étroite et humide, puis une pente boueuse sans tomber. Ouf, j'évite la chute.

A peine le pied à terre, un homme me demande s'il peut m'emmener dans une guesthouse. J'accepte car j'avoue qu'avec cette pluie, marcher ne m'enchante guère. La première guesthouse où il m'emmène affiche complet, la seconde est dans un état de délabrement avancé, une troisième propose des tarifs à 40 000 k la nuit et enfin la dernière, Phyo Toe guesthouse, m'accueille dans une chambre avec WC et douche et la compagnie des insectes. C'est 15 000 k la nuit et je n'ai pas trop le choix.

La météo redevient plus clémente et je longe la rivière. Un homme à moto m'accoste. Il veut m'emmener chez lui. Il me présente sa famille, m'offre le thé et des petits poissons grillés. Il baragouine quelques mots d'Anglais et me montre divers objets dans sa maison, dont une peau de tigre et une lance. Il me dit avoir tué l'animal. J'ai un peu de mal à le croire car je suppose que les tigres n'existent plus depuis longtemps dans la région.

 

Il prend sa moto et m'emmène visiter les environs, une pagode et le plus intéressant des villages Nagas. J'ai la confirmation que les tenues traditionnelles ne sont sorties que durant des festivités, notamment le nouvel an Naga le 15 janvier. Pour autant, certains habitants sortent leurs tenues rien que pour moi. Je ne verrai pas les célèbres coiffes qu'aborent les hommes durant les célébrations. Tant pis.

On va de maison en maison, buvons le thé et à deux reprises de la bière Naga, de l'alcool blanc qui chauffe les oreilles. Je pénètre dans des maisons sur pilotis, tout en bois, j'y vois les femmes faire la cuisine, d'autres couper les légumes ou de simples feuilles qui finiront sûrement dans la soupe. Une balade fort agréable qui nous fera revenir à ma guesthouse à la nuit tombée.

 

De retour à ma guesthouse, il me demande si je veux prendre le bateau pour Khamti. J'accepte sans connaître l'horaire. Il m'annonce un départ à 4 heures du matin et qu'il me réveillera à 3 heures. Trop tard, j'ai accepté ! De toute façon la guesthouse ne m'enchante guère et je pense avoir effectué un bon tour de la ville. Je pars à la recherche d'un restaurant et tombe par hasard sur Nay Thuyen, un ami de facebook, étudiant en Anglais à Homalin. Il me trouve un restaurant de style chinois où je mange un riz poulet sauce aigre douce. Il refuse de manger avec moi et tient absolument à payer l'addition. Il m'emmène ensuite dans un magasin et veut à tout prix m'acheter des provisions pour le long voyage qui m'attend demain. Malgré mes refus répétés, il ne cède pas. Il est presque 20 heures, je rentre à la guesthouse rejoindre les nombreux insectes. La nuit sera courte.

Lundi 12 : Quelques heures de sommeil

 

Il est 2 h 40, je suis debout. Je n'ai qu'une hâte, c'est aller dormir dans le bateau. A 3 h 15, je ne vois toujours pas mon chauffeur arriver. C'est finalement un employé de l'hôtel qui m'emmène au point de départ du bateau, sous une faible pluie. On m'apprend finalement que le bateau partira à 5 heures. Et dire de j'aurai pu dormir un peu plus longtemps. En attendant, je bois le café dans une gargote face à la rivière. L'accès au bateau est " casse gueule ". Je vois même une Birmane chuter sur le sol glissant. C'est à mon tour, personne ne viendra m'aider, mais j'éviterai la gamelle. J'ai acheté deux places sur le bateau (2 x 10 000 k) pour avoir davantage de place. J'ai bien fait car l'embarcation est bien remplie, c'est étroit et ce sont des bancs en bois bien durs. Pour des vacances confortables, ce n'est pas ici qu'il faut venir. Car j'oubliais de dire que les lits des guesthouses n'ont pas de matelas et l'eau des salles de bain est froide et provient très vraisemblablement de la rivière. Le bateau s'arrête dans des villages qu'on n'imaginerait pas trouver ici au milieu de nulle part. Il y a parfois des villages encore plus surprenants avec des maisons flottantes sur la rivière, très certainement des locaux qui vivent de la pêche.

 

Au fil de l'eau, je croise quelques pêcheurs sur de minuscules bateaux, des coupeurs de bois et des chercheurs d'or qui ont installé des maisons de fortune au bord de la rivière. Sur le bateau, quelques voyageurs veulent m'offrir à manger, des graines de tournesol pour l'un, du riz pour un autre et du bétel que je refuse. Vers 11 heures, on s'arrête à Thamanti pour le déjeuner : un riz curry à 1 000 k. Certains touristes prétendent s'être arrêtés ici pour y dormir. J'ai fait le tour de la moitié du village en à peine 10 minutes. Je trouve l'endroit fort peu animée à mon goût.

 

On repart alors que le soleil pointe son nez et les paysages se font de plus en plus montagneux. On arrive à destination vers 17 h 30. Je pars seul à la recherche d'une guesthouse et je trouve une chambre correcte à la Shwe Myanmar que je négocie à 12 000 k au lieu de 15 000. J'irai manger dans un petit resto, des nouilles à 1 000 k avant de rejoindre un café où tout le monde observe d'un oeil discret un match de football entre Newcastle et Arsenal. Apparemment, je sers davantage d'attraction que le match de foot. Les jeunes serveurs s'y mettent aussi, ils m'entourent et essaient de me parler pendant que je bois mon thé. Leur Anglais est très approximatif. La nuit sera paisible, si ce n'est une attaque d'insectes qui me réveillera à plusieurs reprises. Des moustiques ou des puces, je n'en saurai jamais rien.

Mardi 13 - Mercredi 14 : A la recherche des Nagas

 

J'ai dormi près de 11 heures. Comme quoi le bateau, ça fatigue. Ce matin, un moto-taxi veut m'emmener faire le tour de la ville pour 2 000 k. Il m'emmène dans les montagnes alentours et dans un village Naga, où je ne verrai que la place des festivités, là où trônent des objets pour les cérémonies et des totems. Dommage que nous n'ayons pas été au coeur des villages, à la rencontre de la population.

Plus tard dans la matinée, je fais le tour des compagnies aériennes pour éventuellement regagner Mandalay en avion. Myanmar Airways propose un vol à 105 $, uniquement payable en dollars que je n'ai pas. Yangon Airlines me le propose à 120 $ avec un taux de change défavorable si je paie en kyats. Je tente de négocier, mais c'est impossible. Tant pis, je ferai le long retour en bateau.

 

Je suis donc à Khamti, la destination la plus au nord de la rivière Chindwin où j'irai. Il y a peut-être encore moyen de poursuivre plus au nord, mais je ne me suis pas renseigné et je doute qu'il y ait des guesthouses ouvertes aux étrangers.

 

Ici, je suis en territoire Naga. Des Nagas, je vais en rencontrer pas mal, mais autant l'annoncer tout de suite, je ne les verrai pas avec des cornes et des plumes sur la tête, ni avec des tenues exceptionnelles. Si on veut les voir dans ce genre de tenue, ce n'est qu'en janvier au moment du festival de la nouvelle année Naga. C'est à ce moment-là d'ailleurs que des touristes font le déplacement jusqu'ici et paient des sommes conséquentes, via des agences, pour assister au festival qui change de lieu chaque année.

 

Je ne dis pas que je n'irai pas un jour à cette occasion, mais pour l'heure je préfère voir ce qui se fait au quotidien, en dehors de la présence des touristes. D'ailleurs durant ce séjour sur les rives de la rivière Chindwin, je n'en croiserai pas un. En revanche des Nagas, j'en verrai essentiellement le matin au marché de Khamti. Il faut y aller tôt, avant 8 h 30, car ils viennent de loin et repartent à pied, les paniers chargés de provisions jusqu'à des villages perchés dans les montagnes.

 

C'est là aussi que je rencontrerai des femmes tatouées au visage. Tradition qui ne concerne que les femmes âgées et certains hommes. Contrairement à l'état Chin, les tatouages ne recouvrent pas tout le visage, mais seulement le front et le menton. Mais cela reste néanmoins impressionnant.

 

Les femmes Nagas sont vite reconnaissables à leur panier qu'elles portent sur le front à l'aide d'une corde. Leurs vêtements sont plutôt usés et parfois de gros colliers de couleur rouge pendent autour de leur cou. Peu habituées aux étrangers, elles sont particulièrement craintives et n'apprécient pas vraiment la présence des appareils photos.

 

A la sortie de Khamti, sur la route de la pagode et de l'hôpital, je visiterai un musée Naga qui conserve précieusement objets, ustensiles de cuisines, vêtements, armes (fusils et lances) coiffes... de l'époque Naga. Sur la place du village, des totems font face à une estrade utilisée pour les fêtes.

 

Le mercredi, avec un moto-taxi d'origine Naga, j'irai jusqu'au village de Lawé, en plein coeur des montagnes (20 000 k l'aller-retour). La route qui y mène est en terre et heureusement que la pluie a passé son chemin, sinon je n'aurai pas pu y accéder. En chemin justement, on croisera ces femmes que j'avais vues dans la matinée au marché. Elles sont courageuses car la route est longue et leurs paniers de provisions pèsent plusieurs kilos.

 

Dans le village, les hommes coupent le bois, tandis que les femmes font la cuisine, dans des pièces d'un autre temps avec le feu à même le sol. Sur place, je rencontrerai de nombreuses femmes tatouées, dont certaines le sont aussi aux jambes.

 

Comme je suis accompagné d'un Naga, ça facilite les contacts. Les sourires aussi, sachant qu'ici, des touristes il n'a pas dû y en avoir beaucoup. Les hommes du village se font un plaisir de me montrer leur femmes tatouées, comme une fierté. Un homme qui fait sa toilette me fait comprendre d'approcher pour me dévoiler son tatouage autour du cou. Il se laisse photographier et apprécie tout particulièrement le rendu.

 

Une bien belle balade qui m'aura ainsi permis de m'immerger quelques instants dans le monde Naga. J'ai aussi tenté une balade en solo de l'autre côté de la rivière où on m'avait dit qu'il y avait des villages Nagas. Après une courte traversée en bateau, je découvrirai bien un village où les enfants ont pris possession du chemin de terre principal. Je les observe en train de jouer, avec des cailloux ou des branches, tout ce qui peut leur passer sous la main.

 

Je pars en balade par un chemin en plein coeur de la forêt. Je ne croiserai que des femmes qui coupent ou portent du bois. Comme ces trois femmes toutes surprises de me croiser. Deux d'entre elles sont Kachins et la troisième Naga. Oui curieusement, il y a un forte population Kachin dans cette région. Elles m'indiquent le chemin à prendre pour atteindre un village Naga, mais elles ont oublié de me donner la distance. Bref, après 40 minutes de marche dans la forêt, je rebrousserai chemin. Le soir, retour à Khamti où je m'installe et discute avec de jeunes Nagas qui parlent Anglais. Ils sont presque ravis que je vienne en dehors du festival. Ils me font comprendre que l'événement commence à être surfait et devient davantage une attraction pour les touristes. Venir en ces lieux en dehors du festival n'était donc pas une si mauvaise idée.

 

Mercredi 14 : Une rencontre improbable

 

Après mes rencontres avec la population Naga, je m'apprêtais à passer un après-midi au calme, à écrire, à bouquiner, boire quelques cafés et thés... Mais c'était mal connaître la Birmanie et surtout la région de Khamti où les touristes sont si rares que le peu de Birmans qui parlent Anglais nous sautent dessus, dans le bon sens du terme bien évidemment. C'est un moine, nommé Ashin Indasiri, qui va venir à ma rencontre. Son Anglais est excellent, il l'a appris lors de ses études à Mandalay. Aujourd'hui, il est le leader d'un monastère dans un petit village sur les bords de la rivière Chindwin, appelé Lat Pan Thar. Village qui compte plus de 400 habitants, essentiellement des Nagas et 90 % de catholiques.

 

Il s'empresse de m'inviter dans son village qui se trouve à 40 minutes de navigation de Khamti. On prend une petite embarcation et nous voilà parti avec deux de ses amis. Une vraie expédition. C'est la journée la plus ensoleillée depuis le début de mon séjour, la saison des pluies m'aurait-elle enfin définitivement quitté ? La balade jusqu'à son village est splendide avec les pêcheurs, les enfants qui barbotent dans l'eau, des adultes qui font leur toilette... Et à l'approche de son village, les chercheurs d'or. Des Nagas pour la plupart qui, toute la journée, manipulent cailloux et sable à la recherche du précieux sésame. De toutes petites miettes que l'on voit à peine à l'oeil nu. Il faudrait un microscope me lance mon hôte.

 

On arpente les allées boueuses de son village afin de rejoindre le monastère où il vit seul et où il reçoit des enfants, uniquement le soir, pour les éduquer au bouddhisme. Alors que son village est à majorité catholique. Mais ici, ça n'a pas l'air d'avoir d'importance. Après avoir partagé le café, il m'emmène tranquillement à l'église du village où il me présente le pasteur. Tous deux s'entendent à merveille et il se fera un plaisir à traduire les paroles du pasteur qui m'évoquera les cérémonies du dimanche (il y a trois) qui accueillent chaque fois plus de 400 personnes, dont certaines venues de villages voisins. Bien plus de fidèles que ne peut accueillir cette église.

 

C'est presque à regret que le moine me raccompagne à Khamti où il m'invitera à manger dans un tea shop. Lui qui ne mange que le matin ne consommera rien. Il m'avouera en partant qu'il n'avait pas parlé Anglais depuis deux ans, car ici, tout comme dans son village, aucun touriste ne vient. Je me sens comme adopté par Khamti et sa population. Un bourg que je quitterai avec tristesse demain matin. Et peut-être l'envie d'y revenir pour un festival du nouvel an Nagas.

 

Jeudi 15-Vendredi 16 : De longues heures de bateau

 

Jeudi 7 heures, c'est le moment du départ pour Homalin. Prix du billet 10 000 k pour un bateau avec des sièges en bois. J'ai deux places, ça devrait me suffire pour ce parcours d'une journée. Un voyage sous le soleil qui me permettra d'admirer les paysages que je n'avais pu voir à l'aller à cause du mauvais temps. A mi-chemin, arrêt à Thamanti pour le repas du midi. Certains touristes recommandent de s'arrêter ici. Personnellement, le village me parît bien trop petit pour s'occuper, mais chacun ses goûts.

 

On est dans le sens du courant et le bateau est nettement plus rapide qu'à l'aller. A tel point qu'on atteindra Homalin vers 16 h 15. Je retente un petit tour des guesthouses et retrouve finalement la Phyo Soe et ma chambre à 15 000 k qui mériterait un bon coup de peinture. Le soir, je vais dans un resto chinois qui dispose d'un menu en Anglais. Je commande du poulet sauce aigre douce avec du riz et une bière. Le prix n'est plus très local : 5 000 k. C'est la première fois depuis mon départ de Mawlaik que je vais trouver un connexion wifi grâce à ce restaurant. Je profite de l'occasion. Je me baladerai un peu dans Homalin qui n'est pas la ville que j'ai préférée durant ce séjour sur la rivière Chindwin, mais c'est un peu un passage obligé.

 

Vendredi, 3 heures du matin, c'est le réveil. Dans une heure, mon bateau pour Monywa partira. Avec en prévision, 24 heures de trajet. Un réveil en sursaut. Quand j'allume la lumière, le sol est jonché de criquets attirés par les lampes. Même chose dans la salle de bain commune voisine de ma chambre où ils ont carrément envahi les lavabos. Ca grouille de partout pour le plus grand bonheur des Birmans qui les attrapent tranquillement. Les grosses bébêtes finiront sûrement au barbecue. En sortant dans les rues à moitié éclairées, c'est le même spectacle. Des criquets un peu partout. Une véritable invasion.

 

Avant 4 heures, j'arrive au bateau. Le temps de boire un café et on part pile poil à l'heure. Je suis dans une embarcation plutôt confortable avec trois places et des sièges mous. Et comme j'ai payé 36 000 k pour ce long trajet (très probablement le prix touriste étant donné le temps qu'il a fallu pour me délivrer le ticket), je compte bien monopoliser les trois places.

 

Je m'assoupis tranquillement durant ces premières heures de navigation. Au lever du jour, je me réveille tout en admirant cette rivière, avec toujours ce même plaisir. On s'arrête dans quelques lieux improbables, parfois on ne voit même pas de village. En début de matinée, arrêt dans un endroit un peu animé que les autres. Ca se voit d'ailleurs par le nombre de vendeuses qui prennent possession du bateau. Nous sommes à Phaung Byin. Je ne sais pas s'il y a une guesthouse ouverte aux étrangers, mais l'endroit a l'air de mériter une halte.

 

Le trajet se poursuit tranquillement, bien plus vite que je ne le pensais. Vers 11 heures, on atteint Mawlaik, vers 16 heures Kalewa avec toutes ces embarcations qui se précipitent sur nous pour vendre des provisions. J'en suis déjà à mon deuxième riz curry depuis ce midi (1 000 k) et j'ai toujours faim. Ca doit être l'air de la rivière. A ce rythme-là, je vais atteindre Monywa dans la soirée. Mais c'était sans compter sur un incident de parcours qui va nous coûter trois heures de parcours. Vers 21 h 15, le bateau s'est embourbé dans le sable et impossible d'en ressortir. Quasiment tous les passagers sont descendus et tentent de pousser l'embarcation pour la sortir de ce piège. Ils ont de l'eau jusqu'aux genoux, ce qui montre bien que le niveau d'eau est bien trop bas pour assurer la navigation d'un tel bateau. Ce petit jeu va durer trois heures et il faudra l'aide d'un autre bateau pour enfin repartir. J'ai bien cru qu'on était bon pour changer de bateau.

 

Je me rendors en me disant maintenant que j'arriverai au petit matin à destination. Grossière erreur. Il est 2 h 15, le bateau a jeté l'ancre. Il me faut un certain temps pour émerger et comprendre enfin que je suis arrivé à destination.Pour 1 000 k, un moto taxi m'emmène à la Shwe Taung Tar guesthouse qui affiche encore complet. Je me replis sur le Chindwin Hotel, sans grandes illusions par rapport au prix. Finalement je trouve une chouette chambre simple à 25 dollars. Que ça fait du bien de prendre une douche chaude, d'être dans un vrai lit avec un bon matelas... surtout quand on a le dos en compote après tous ces longs trajets en bateau.

Le long périple sur la rivière Chindwin
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