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Le blog de Christophe

Le blog de Christophe

La Birmanie (Myanmar) de la côte ouest de l'Arakan, aux montagnes de l'état Shan, en passant par le delta de l'Irrawaddy, l'état Kayah, l'état Chin et les coins les plus reculés du pays... Vingt ans d'expérience à vous faire partager avant votre départ pour l'aventure.


En selle pour le festival Phaung Daw Oo à Inle

Publié par Christophe sur 8 Novembre 2019, 13:56pm

Retour pour de nouvelles aventures birmanes du centre à l'ouest du pays avec pour commencer, le célèbre festival Phaung Daw Oo du lac Inle, l'un des plus beaux du pays. Et avant la découverte de destinations qui m'étaient inconnues - eh oui il y en a encore - avec Ywangan, Kyaukse, la plage de Gwa...

Vendredi 27 - Samedi 28 septembre 2019 : Détente à Yangon avant de crapahuter au festival Phaung Daw Oo du lac Inle

Après un vol sans encombre avec la Thaï et une courte escale à Bangkok (billet à 605 euros), j'arrive dans la matinée, frais et dispo, à l'aéroport de Yangon. Comme d'habitude, les formalités sont rapides avec un petit doute quand même à l'immigration car j'ai mis un chiffre en trop par rapport à mon numéro de passeport pour la demande de eVisa. Moment de panique qui ne va pas durer bien longtemps.

Le bagage récupéré, le change effectué (1 euro = 1 675 kyats) et me voilà dans un taxi à 8 000 k en direction du Sky View Hotel. Exceptionnellement je délaisse le centre ville pour un quartier proche de la pagode Shwedagon et du People's Park. Un hôtel correct avec un bon petit déjeuner et une piscine où je vais passer le plus long de mon temps. L'idée étant de récupérer du décalage horaire, du voyage et de la forte chaleur.

Bien reposé avant de prendre la direction de la station Aung Mingalar en taxi (10 000 k) pour un départ à 19 heures pour le lac Inle. Ca bouchonne pas mal dans la ville et j'arrive tout juste dans les temps devant le bus réservé de la compagnie Shwe Poon Lyay après une heure de route. Un bus qui va partir avec 10 minutes d'avance. Le long trajet jusqu'à Nyaungshwe a été correct malgré une clim's qui va envoyer du chaud et du très froid par alternance. Résultat : un bon rhume le lendemain. 

L'avantage de ce bus est qu'il s'arrête directement à Nyaungshwe et non à la jonction à Shwenyaung. 

Dimanche 29 septembre 2019 : Premier long périple à vélo pour une arrivée sur la fête

A l'Immana Grand Hotel où je commence à avoir mes habitudes, le personnel et le patron me reconnaissent et je suis vite accueilli à bras ouverts. Il est à peine 8 heures et j'ai déjà droit à une chambre, ainsi qu'au petit déjeuner sous forme de buffet.

Pas une minute à perdre, après une bonne douche, j'emprunte un vélo et me voilà parti sans idée fixe en direction de la route à l'ouest du lac. Il fait beau et chaud et mon vélo est capricieux au niveau des vitesses qui ne fonctionnent pas vraiment. Pas évident pour passer les faux plats. En route, je croise de nombreux véhicules bondés, notamment avec des femmes Paos qui ont sorti leurs plus belles tenues traditionnelles. Peut-être les prémices du festival Phaung Daw Oo qui commence aujourd'hui. C'est ce que je me dis, mais sans grandes certitudes.

Les festivités débutent normalement à Indein, village situé plus au sud du lac. Ce n'est pas très raisonnable, mais je décide de m'y rendre avec mon vélo d'un autre temps. Après tout, j'ai déjà réalisé ce périple il y a quelques années. Je devrais être en mesure de récidiver. Ne me demandez pas combien il y a de kilomètres, je n'en ai aucune idée. Tout ce que je sais c'est que ça a bien fait rire le personnel de l'hôtel quand en revenant je leur ai raconté mon périple (après vérification, une fois de retour en France, il y a 32 km... rien qu'à l'aller).

Mais comment regretter un tel déplacement quand en arrivant je découvre un village noir de monde et de nombreux stands pour marquer le début de la fête. Ce jour-là, Indein est envahi par la communauté Pao, c'est l'endroit où il faut être en Birmanie. Les femmes achètent des friandises, des souvenirs, les enfants ont mis des tenues resplendissantes. Certaines filles sont maquillées pour l'occasion et on en voit même porter une robe de mariée ! On ne plaisante pas avec les fêtes dans ce pays.

 

 

Dans un monastère, les femmes prient, les hommes posent des feuilles d'or sur cinq petites statues de Bouddha, tandis que les enfants en bas âge jouent avec des ballons. La forme initiale des statues est complètement masquée par les multiples couches d'or, qui ont transformé les sculptures en boules. Des statues sacrées et vénérées par la population qui vont ensuite regagner un bateau, le plus imposant du festival Phaung Daw Oo et qui ferme le cortège de la dizaine de bateaux qui navigue de village en village durant près d'un mois.

Jusqu'à fin octobre, il y aura des processions dans change village (attention le calendrier change d'une année sur l'autre). L'idéal pour suivre les festivités est de se positionner à des endroits stratégiques comme je le ferai demain. Il est intéressant de suivre la procession avec un bateau, mais sachez que vous ne pourrez pas toujours les approcher, du fait de la présence de nombreuses embarcations remplies de touristes et de locaux.

Je repars tranquillement sur le chemin du retour. La route est encore longue et il ne faut pas trop traîner car la nuit vient vite. Le soir, après cete belle escapade, je vais reprendre des forces au Dosa King, un restaurant indien bien noté des touristes avec soupe de dal, toasts au poulet, assiette de crudités avec fromage blanc, naan, jus de citron pour 9 000 k. La nuit sera excellente.

 

Lundi 30 septembre : Le vélo, ça use !

Pour le deuxième jour du festival, je mets une nouvelle fois de côté le bateau pour retourner à Indein où la procession du jour conduit les bateaux de ce village à Ywama. Cette fois, je dispose d'un vélo un peu plus compétitif avec trois vitesses qui fonctionnent. Je prends la direction d'Indein, après encore un long périple qui ne m'impressionne même plus.

Le grand marché pour le festival commence à être démonté. Je profite de l'instant pour aller visiter sa pagode hors du temps entourée de stupas en plus ou moins bon état. Un site que j'avais visité il y a bien longtemps et dont je ne me souvenais plus vraiment bien.

Dans le village, des locaux me font comprendre que la procession quitte Indein vers 15 heures pour se rendre à Ywama, non loin de là. En attendant, je vais assister à une cérémonie dans un monastère où des feuilles d'or continuent à être posées sur les statues. Toujours autant d'ambiance à l'intérieur où femmes et enfants assis discutent, jouent, mangent et les hommes, seuls autorisés, s'empressent d'approcher les statues.

Puis j'enfourche mon vélo pour Ywama où il faut à un moment donné emprunter un chemin de terre. Sauf que je n'atteindrai jamais le village par la route car pour que la procession puisse naviguer sur le cours d'eau menant au lac, il a fallu démonter tous les ponts en bois. Impossible donc de traverser la rivière.

Pas grave, je m'arrête dans un monastère au bord de l'eau en croisant les doigts pour que les bateaux passent par là. Les familles commencent à arriver par dizaines. Je suis le seul étranger visible dans le secteur, du moins sur la terre ferme car un peu plus loin il y a quelques embarcations avec des touristes. 

Près du monastère, tout le monde me regarde avec curiosité. J'échange quelques habitants pour détendre l'atmosphère dont un Népalais venu d'Aungban pour les festivités.

 

Il est un peu plus de 15 h 40 lorsque la procession pointe son nez au son des tambours et des pétards. Toute la population est fascinée face à ce spectacle. J'observe ce défilé d'une dizaine de bateaux avec ces hommes en tenue Intha, les habitants du lac, et qui rament d'une manière un peu particulière... avec une jambe enroulée à la rame. Pour se donner des forces, ils chantent ou poussent des cris.

L'heure tourne, et il est maintenant temps de repartir et très vite, l'accumulation des petites bosses va me donner un gros coup de fatigue. J'avance de plus en plus lentement et manque de chance, je me prends de belles averses. Je m'arrête dans un commerce pour me désaltérer et sécher. 

La nuit commence à tomber. Sur la route étroite et parsemer de nids de poules, je ne vois quasiment plus rien. Et bien évidemment le vélo n'a pas de lumière. Mais dans les derniers kilomètres, je vais profiter de la gentillesse d'un automobiliste birman qui va me suivre à faible allure et ainsi m'éclairer la route. Un homme qui me reconnaîtra le lendemain sur le marché de Nyaungshwe et que je remercierai vivement.

Mardi 1er octobre : Un peu de détente au bord du lac

Après deux longs périples à vélo, je décide aujourd'hui de me la couler douce. Un petit déjeuner tardif au buffet de l'hôtel, un petit tour au marché des 5 jours de Nyaungshwe qui est toujours aussi animé même en fin de matinée, où je vais passer un long moment, sieste, petite pause sur une terrasse pour une crêpe au miel. Un peu de vélo quand même autour de Nyaungshwe, histoire de se dégourdir les jambes.

Je réserve un bateau auprès de l'hôtel pour le lendemain (départ à 5 h 30) avec le festival et le marché de Taung To au menu, et pas d'autres visites programmés. Le prix du bateau : 18 000 k pour la demi journée, non négociable car le trajet pour Taung To est assez long, du fait que le village est au sud du lac.

Le soir, nouveau repas au Dosa King, où la charmante serveuse est toujours aux petits soins. Il faut dire qu'en cette saison peu touristique, je suis l'un des rares clients. Le repas est toujours aussi bon et j'ai le droit à quelques friandises locales et des fruits en cadeau pour le dessert.

Mercredi 2 octobre : Du festival au marché encore authentique de Taung To

Ce matin, pas besoin de réveil, j'ouvre les yeux avant 5 heures. A 5 h 30, la réception de l'hôtel m'offre un petit déjeuner dans une boîte en carton et me voilà parti avec le batelier qui m'attend à l'extérieur de l'établissement. 

J'ai toujours été surpris de voir que les Birmans se lèvent aussi tôt. Il fait à peine jour et je croise déjà des femmes avec leur panier de courses, des élèves à vélo et quelques marchands ambulants qui commencent à s'installer ou à faire la cuisine.

On arrive à proximité du bateau, il fait maintenant jour, la température est douce mais le ciel est assez chargé. Dans le bateau, le pilote va d'ailleurs me confier un parapluie et un imperméable dans un sachet. Pas très bon signe. Pourvu que je n'ai pas à m'en servir.

On part rejoindre Ywama où le festival Phaung Daw Oo est attendu à 7 heures. Le lac se réveille. Au bord de l'eau, dans les maisons sur pilotis, des femmes font la lessive, des enfants se lavent les dents, une autre dame épluche des légumes. A chaque fois, c'est à l'extérieur des maisons en bois que toutes ces scènes de vie se déroulent. A croire que sur le lac, on ne vit que dehors.

 

Je suis surpris de découvrir que mon pilote porte un masque, mais je vais très vite comprendre. De nombreux bateaux partent en direction du festival et on prend toutes les odeurs d'essence qui se dégagent. Par moment, il y a même des nuages de fumée noire. Très désagréable.

Heureusement, on emprunte des étendues d'eau plus calmes, où les fleurs de lotus côtoient les pêcheurs ou les bateaux remplis de tomates des jardins flottants. Voilà qui me réconcilie avec cette magnifique nature.

Un peu avant 7 heures, on atteint un passage entre les grandes herbes. C'est ici que la procession pour Phaung Daw Oo doit passer. Nous ne sommes pas les seuls à patienter. Des embarcations avec des touristes mais aussi avec de nombreux locaux attendent l'événement.

Au loin, on commence à entrevoir les drapeaux des bateaux qui dépassent des grandes herbes. Une dizaine d'embarcations qui se suivent avec des groupes d'hommes pagayant au même rythme, la jambe enlacée à la rame. Seuls les Inthas, les habitants du lac Inle, sont capables de faire avancer un bateau de la sorte. 

Le spectacle est grandiose, les bateaux avancent lentement puis accélèrent par intermittence lorsque tous les hommes rament en même temps et d'une seule voix. Ils se passent le mot d'une embarcation à l'autre, pour qu'elles gardent chacune la même distance qui les sépare.

Vers 8 heures, les bateaux s'éloignent vers un autre point de chute et on se décide à gagner le marché de Taung To, plus au sud encore. Il y a pas loin d'une heure de navigation. Par rapport à la tenue du festival et au fait que ce marché est assez éloigné des circuits traditionnels, je pensais être un des rares touristes sur les lieux. Fausses illusions puisqu'à mon arrivée, d'autres bateaux de touristes arrivent sur les lieux. Essentiellement des groupes avec guide. Et pas mal de retraités français.

Peu importe, ce marché où je ne m'étais pas arrêté depuis des années est un des plus charmants du lac et a su conserver une certaine authenticité. Comme en témoignent les tas de bois déposés au bord du lac et dont certains ont été amenés par des charrettes tirées par des boeufs. Le bois atteindra d'autres destinations, mais cette fois par bateau.

 

Au marché de Taung To, les stands de souvenirs se font encore rares. Ici, les femmes Paos avec le turban sur la tête sont majoritaires. Elles vendent ou achètent, en général elles proposent du thé, des épices, du poisson du lac... et repartent du marché avec des vêtements, des chaussures ou des galettes de riz qu'elles affectionnent temps. Bref, elles dépensent une bonne partie du bénéfice réalisée sur le marché.

Pour un peu mieux me fondre dans la population locale, je m'installe à un stand de nourriture où y est proposée une valeur sûre, les Shan noddle. Ma présence fait sourire mes deux voisines, deux femmes Paos qui m'observent en train de manger et qui sont surprises que je n'agrémente pas mon plat de piment. Je préfère rester prudent.

Je me balade une petite heure sur le marché dont l'animation décroit peu après 9 h 30 avec le départ des femmes Paos, les paniers remplis de marchandises qu'elles portent dans le dos, avec parfois un bébé dans les bras.

Pour revenir en bateau jusque Nyaungshwe, le trajet va durer quasiment 1 h 30, avec un conducteur particulièrement attentionné qui ralentit lorsqu'il me voit prendre des photos, notamment les pêcheurs avec leur manière si particulière de ramer ou encore ces hommes qui récupèrent de grandes herbes dans l'eau à l'aide d'une fourche, et qui font preuve d'une grande agilité.

Vers 11 h 30, je suis de retour à l'hôtel où on me libère une chambre afin que je me change. Direction ensuite le centre de Nyaungshwe où de petits camions bâchés (1 500 k) partent régulièrement pour Taunggyi, ma prochaine destination.

 

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A
Bonjour,<br /> Toujours un régal de vous lire<br /> Connaissez vous les dates du festival pour 2021<br /> Annie Toulon
Répondre
C
Bonjour, <br /> En 2021, ce sera très certainement du 6 au 23 octobre.<br /> Christophe
J
Très intéressant. Merci. Jacques, de Jonquière.
Répondre
C
Merci à toi Jacques et encore de beaux voyages en Asie ou ailleurs !

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